Du stress au burn-out
Posté le 28/12/2018
Du stress au burn-out
Le mot stress a été introduit par le médecin Hans Selye en 1936, pour désigner la réponse de l’organisme à des agents stressants, de nature physique ou émotionnelle.
Un traumatisme, une activité physique intense et prolongée, une situation émotionnelle positive ou négative peuvent provoquer un stress et toucher l’intégrité physique et/ ou psychologique de la personne.
Nous pouvons également être stressés par des situations pour lesquelles nous ne trouvons pas de sens ou de réponses satisfaisantes. Notre niveau de tension intérieure monte et nous perdons de vue nos intérêts, nos projets. Nous ne vivons plus que d’obligations, d’interdits et de routine. C’est ce que l’on appelle la frustration.
1/Le stress
Aspects positifs
Le stress est indispensable à la vie, car il permet à l’organisme de s’adapter à son environnement, sans quoi il peut s’en suivre la mort.
Sur le plan physiologique, le stress entraîne des modifications métaboliques, comme l’augmentation du taux de cortisol qui joue un rôle dans l’apprentissage et la mémoire, ainsi qu’une élévation de la sécrétion d’adrénaline qui permet de réagir.
Aspects négatifs
Mais il existe une limite au-delà de laquelle le stress devient toxique pour l’organisme.
Le stress chronique entraîne un vieillissement prématuré et des maladies chroniques.
Le stress professionnel, par exemple, lorsqu’il devient trop important, serait à l’origine de 50 à 60% de l’ensemble des journées de travail perdues.
2/ Les phases du stress
L’ensemble des réactions physiques et psychologiques du stress est appelé SGA (syndrome général d’adaptation). Il se déroule en 3 phases :
Phase d’alarme
L’organisme reconnaît l’agression. Il est dans un premier temps paralysé puis se prépare à agir. Il sécrète de l’adrénaline. Ses performances, sa concentration augmentent, tandis que la douleur diminue.
Le rythme cardiaque, le débit sanguin, la respiration s’accélèrent. Les réserves de sucre et de graisse sont dégradées donc l’organisme puise dans ces réserves.
Phase de résistance
L’organisme s’adapte à l’agent stressant et mobilise des ressources pour faire face à la situation ou à l’événement. Il sécrète de fortes doses de cortisol, tandis que l’attention et la vigilance diminuent.
Phase d’épuisement
Les résistances décroissent et l’organisme commence à s’épuiser, car le taux de cortisol diminue. C’est à ce moment-là que la personne commence à souffrir de troubles psychologiques et physiologiques. Le stress est devenu chronique et les maladies font leur apparition.
3/ Les causes du stress
a/ L’épuisement émotionnel
L’épuisement émotionnel est le premier stade du burn-out.
Le burn-out n’est pas un état, mais un processus qui se met en place progressivement. On commence par se sentir harassé par les tâches professionnelles quotidiennes, puis on a le sentiment d’être vidé. Ce qui nous empêche d’être en relation avec les émotions de l’autre. Au contraire, on y est hypersensible. Il devient alors difficile de travailler avec ses collègues.
La fatigue physique- car le burn-out est avant tout physiologique - et l’irritation provoquent des explosions émotionnelles, souvent mal perçues par l’entourage. Dans le pire des cas, l’émotion est niée, masquée par des comportements de contrôle. L’image que l’on renvoie est celle d’une personne anormalement froide et distante.
La conséquence de l’épuisement émotionnel est la déshumanisation de la relation à l’autre. Les émotions nous envahissent à tel point qu’il faut les mettre de côté. La sécheresse relationnelle frôle le cynisme, l’autre est chosifié, ignoré en tant qu’être humain. Par exemple, pour le patron, ses subordonnés sont des numéros, des outils destinés à faire tourner une entreprise.
Ce changement de comportement s’installe progressivement et très souvent à l’insu de la personne.
b/ Perte de confiance (sentiment d’échec)
Le sentiment d’échec professionnel est la conséquence de l’épuisement émotionnel.
Il entraîne doute de soi, de ses capacités et de son aptitude à communiquer avec ses collègues. Apparaissent des sentiments comme la culpabilité, la dévalorisation de soi et la démotivation. Les réactions à cet état sont le plus souvent l’absentéisme, la fuite du travail ou bien le présentéisme exacerbé dépourvu d’efficacité ou de rentabilité.
Le sentiment d’échec est subjectif. Il n’est pas directement lié aux qualités ou aux défauts d’un individu, mais à l’idée qu’il se fait de ses propres aptitudes. Freud parlait de névrose d’échec pour signifier que nous mettons tout en œuvre pour contrarier nos désirs. Il est fréquent de voir une personne qui souffre de névrose d’échec, présenter des symptômes psychosomatiques lorsqu’une promotion est obtenue et même d’y renoncer. Les rêves itératifs, révélateurs de la névrose d’échec ont pour thème l’échec à un examen.
Les causes profondes du sentiment d’échec trouvent leur source dans un sentiment de culpabilité inconscient. Ce sentiment de culpabilité peut se traduire par un « besoin de punition. ».
Dans la vie quotidienne, le sujet se punit par l’échec d’avoir des supposées capacités limitées. En réalité, il restreint lui-même ses champs d’actions et de possibilités pour se prouver qu’il n’est pas capable de réussir, car il ne supporte pas la satisfaction. Lorsque la possibilité de satisfaire un désir se présente, il met en place des stratégies inconscientes pour saboter sa carrière.
Ce mécanisme inconscient ne fonctionnerait pas sans l’existence d’un juge interne puissant (le surmoi freudien). Lorsqu’on est en lutte avec une telle instance, on doit s’y soumettre et lui rendre des comptes jusqu’à l’épuisement, car ce qui caractérise ce juge interne, c’est qu’il n’est jamais content.
Dans la vie professionnelle, cette instance surmoïque se rencontre sous les traits d’un patron tyrannique ou se matérialise tout simplement par une charge de travail toujours plus importante que l’on s’impose. Le sentiment d’échec est en quelque sorte la clef de voûte du burn-out.
4/ Les conséquences du stress
Le burn-out ou la dépression par épuisement est une des conséquences d’un stress extrême.
La souffrance au travail se définit la plupart du temps par une dépression réactionnelle directement liée aux contraintes organisationnelles et sociales de l’entreprise. Cet état dépressif survient à la suite d’un surcroît de stress, d’un épuisement physique. On se sent vide, fatigué, privé d’énergie et l’on a du mal à se concentrer et à penser par soi-même.
Cependant, il existe des personnalités plus disposées que d’autres à cette dépression.
Le profil psychologique est le suivant : dans le domaine du travail, le sujet est particulièrement perfectionniste et néglige les loisirs et la détente.
Avec ses collègues, il ne joue pas le jeu de la réciprocité : il accepte d’aider les autres, se dévoue pour ses proches, mais supporte difficilement qu’on lui rende la pareille. Il se comporte ainsi parce qu’il ne supporte pas le conflit ou les échecs avec ses collègues.
En réalité, les comportements de ce type de personnalité sont mus par un désir de maintenir des relations et un mode de fonctionnement idéalisés avec les collègues.
Il suffit d’un changement (déménagement, promotion), d’une épreuve ou d’un manque de reconnaissance de la hiérarchie pour que cet équilibre fragile vacille. Face à ce bouleversement, le sujet renforce ce qu’il avait érigé en mode de défense : il travaille encore plus, cherche à se dépasser face aux épreuves et se culpabilise encore plus de ne pas réussir.
Avec le temps, le sujet s’aigrit car ses efforts ne sont récompensés ni par autrui ni par le succès. Il s’épuise, s’enlise dans la routine et la dépréciation de soi. De là à sombrer dans la dépression, il n’y a qu’un pas.
Les dépressions par épuisement concernent plus spécifiquement les personnalités en quête de reconnaissance, qui recherchent l’approbation des autres en guise de renfort narcissique.
Pour éviter que cela ne se répète dans le temps, il est indispensable d’envisager un travail sur l’estime de soi.
Les caractéristiques du burn-out :
Stress
Troubles cognitifs, (mémoire, logique)
ESA (état de stress aigu)
ESPT
Syndrome d’épuisement professionnel ou burn-out
Effondrement anxio-dépressif
Suicide
Décompensation comportementale :
Violence contre les usagers
Violence entre collègues
Violence contre l’outil de travail
Violence contre l’encadrement
Radicalisation des comportements (tyrannie, harcèlement moral, etc.)
Décompensation somatique :
TMS (trouble musculo-squelettique)
Troubles cardio-vasculaires (40% d’infarctus chez les femmes cadres)
Mort subite au travail ou karoshi
Les signaux spécifiques à ne pas laisser passer :
Une fatigue que le sommeil ne soigne pas
La perte du plaisir à travailler
Le recours aux produits pour tenir
5/ Les personnalités à risque
La façon de réagir à une situation stressante dépend d’un compromis entre les caractéristiques personnelles de l’individu et celles de la situation.
Les facteurs de stress professionnel sont variables :
Surcharge ou manque de travail ; danger physique ; insatisfaction au travail ; promotion ; insécurité de l’emploi ; relations difficiles avec les collègues, le patron ; le manque de communication ; un climat difficile.
Cependant, certaines personnes sont davantage prédisposées au stress que d’autres. Ces personnalités dites « à risque », pour des raisons liées à leur histoire personnelle, ont très peur de l’échec, ont un besoin impérieux d’être reconnues et surchargent leur journée de travail.
A/ La personnalité hardie
Le syndrome du burn-out peut atteindre un sujet considéré comme sain. Ce type de personnalité a été décrit sous le terme de « personnalité hardie » par la psychologue Suzanne Kobasa.
La personne hardie a l’étoffe d’un super héros : elle est impliquée dans son travail, active, motivée par la nouveauté, apte à relever des défis. Ces personnalités répondent aux contraintes extérieures sans difficulté apparente. Mais parce qu’elles sont trop perfectionnistes et ne savent pas déléguer les tâches, leur énergie s’épuise.
Concernant la personnalité hardie, on parle de pathologie du comportement (par opposition à une pathologie de structure). Voici les traits de caractère qui assombrissent ces personnalités solaires.
- L’esprit d’entreprise exacerbé
Il est enthousiaste et idéaliste, ce qui est bénéfique à l’entreprise. Il est hyperactif, fait preuve d’une ambition démesurée et travaille de façon compulsive. Il est incapable de se reposer, le répit étant perçu comme une perte de temps. En réalité, il est plus fragile et angoissé qu’il n’y paraît et se « shooter » au travail est une manière pour lui de conjurer l’angoisse du vide.
- L’anxiété exagérée
Il souffre en effet d’une anxiété exagérée qui entraîne culpabilité et fatigue. Il a le sentiment qu’il doit toujours mieux faire, obtenir de meilleurs résultats. Cet état anxieux est insécurisant, ce qui a pour effet à long terme de le rendre inefficace parce qu’à force d’anxiété anticipatoire il diffère les tâches ou n’ose plus prendre de décision.
(On travaillera sur les troubles anxieux).
- L’incapacité à faire confiance
Il ne peut pas déléguer et reste persuadé que si l’on veut que les choses soient bien faites, il faut les faire soi-même. Il fait donc tout lui-même et s’épuise.
(Le travail consistera à découvrir ce qui sous-tend ces croyances et à lâcher prise).
- Le désir de plaire à tout le monde
Cet individu poursuit un leurre, celui d’être aimé et apprécié par tout le monde. Il ne supporte pas de ne pas être remarqué, et préfère être haï qu’ignoré. Son intégrité psychique dépend de ces attentes égotistes.
(Le travail de thérapie consistera à explorer les zones de fragilité narcissique).
- L’auto-critique exacerbée
En réalité il a une opinion négative de lui-même. Si tel n’était pas le cas, il n’éprouverait pas le besoin d’être un surhomme.
Il en découle nervosité et culpabilité lorsqu’il juge que son fonctionnement n’est pas optimal. Dans ce cas, il travaille sans tenir compte du travail déjà accompli jusqu’à l’épuisement.
On retrouve ici le type de personnalité obsessionnelle ou ayant subi des traumatismes précoces (attitude auto punitive).
- Le super héros a ses failles
Son altruisme dissimule un besoin de réassurance. Il est persuadé que le plaisir de vivre dépend de la satisfaction qu’il apporte à autrui, au détriment de sa capacité à être et de son identité propre. De fait on ne connaît pas la réelle personnalité de Superman.
Le fait de se poser en sauveur de l’entreprise lui permet d’entretenir une image positive de lui-même, au risque d’oublier ses désirs et ses besoins réels.
Réduire la dépendance à l’Autre, avoir une meilleure estime de soi et apprendre à devenir autonome, constitue des pistes de résolution de ce syndrome.
Cette personnalité hardie souffre d’une pathologie du Moi idéal (résidu du Surmoi). Cela signifie qu’elle n’a pas pu intégrer les valeurs proposées par sa famille et la société. Elle s’identifie par conséquent à une construction idéale, qu’elle projette hors d’elle-même et à laquelle elle reste inféodée.
Les contraintes de perfection viennent du fait qu’elle ne peut pas déroger à cet idéal de perfection inaccessible. À force de vouloir atteindre ce Moi idéal toujours plus exigeant et tyrannique, la personnalité hardie finit par s’épuiser.
B/ La personnalité co-dépendante
La co-dépendance peut en effet se définir comme le sentiment d’une personne qui tire son bonheur de ce qu’elle fait pour les autres. Elle tente de gagner l’amour de l’autre en se surpassant. Elle se rend indispensable et ne sait pas dire non.
Elle sacrifie son propre épanouissement pour voler au secours des autres. Cependant, elle impose son aide plus qu’elle ne la propose et la refuser met en péril son identité narcissique fragile.
En réalité, ce ne sont pas les autres qui dépendent d’elle, mais elle qui dépend d’eux, de leur reconnaissance.
En effet, cette personnalité a une faible estime d’elle-même, c’est pourquoi elle se prend d’affection pour des personnes irresponsables qui abusent de sa diligence et pour lesquelles elle se sacrifie.
Même lorsque ces personnes sont conscientes de ce qui se joue, il leur est difficile de changer, car aider est pour elles un moyen de s’imposer et d’exercer un contrôle sur l’autre.
On envisagera le même travail de restauration narcissique que pour la personnalité hardie.
C/ La personnalité traumatisée
Les personnalités traumatisées ont été victimes de stratégies abusives ou d’exploitation dans l’enfance. Elles sont particulièrement prédisposées au burn-out, parce qu’elles sont plus fragiles et plus stressées que les autres.
Elles ont inconsciemment intégré des schémas de destruction qui se transforment et se rejouent dans le domaine professionnel.
Le contexte de violence dans lequel elles ont évolué a disparu, mais le mécanisme de destruction est intégré et se reproduit inlassablement. Même si à l’âge adulte, elles semblent mises hors de danger, elles sont plus disposées que les autres à se laisser séduire par des prédateurs.
Une prise en charge psychothérapeutique par des spécialistes du psychotraumatisme est indispensable au risque de voir se reproduire ces mêmes phénomènes sous une autre forme ou dans d’autres lieux. Par exemple dans un nouvel emploi avec d’autres personnes. C’est ce que l’on appelle la compulsion de répétition (le sujet provoque sans arrêt, inconsciemment, mais intentionnellement des traumatismes similaires).
6/ Conseils pratiques pour diminuer le stress
1 Ce qu’il faut éviter : les stratégies d’adaptation passives au stress. Ce sont des attitudes d’évitement, de rigidité, de trop grand contrôle de soi. On se réfugie de façon excessive dans le jargon professionnel ou le travail pour épater la galerie. Ces comportements favorisent le burn-out parce qu’ils sont psychiquement et physiquement épuisants. S’ensuivent alors de l’irritabilité, des troubles somatiques, une consommation excessive d’excitants, ceci pour « tenir le coup ».
2 Ce qui est recommandé : les stratégies d’adaptation actives au stress. Au lieu d’éviter les conflits interpersonnels et professionnels, on les affronte. Pour cela, on écoute ses émotions et l’on en tient compte. On s’accorde du temps pour planifier ses actions et faire le point sur ce que l’on a fait de bien.
3 On développe des attentes réalistes quant à nos objectifs et l’on tente de les atteindre.
Pour que cela devienne possible, on tente de comprendre nos angoisses et de les utiliser de manière constructive, en définissant nos réels souhaits.
Pratiquer la pensée positive quotidiennement en passant en revue nos actions grâce auxquelles un projet a abouti permet de s’auto-réévaluer de façon favorable.
Ce travail intérieur apprend à faire la part entre ce qui relève de l’introjection et de la projection dans nos relations interpersonnelles. C’est alors que nous pouvons laisser à l’autre ce qui lui appartient et reprendre ce qui nous revient. Nous éviterons ainsi les confusions de rôles.
Pour améliorer votre résistance au stress, voici quelques petits conseils pratiques:
1 Acceptez-vous tel que vous êtes
-Soyez vous-même, sans chercher à plaire à tout le monde
-Exprimez ce que vous ressentez
-Apprenez à vous faire plaisir
2 Voyez le verre à moitié plein
-Oubliez ce qui vous contrarie et cessez de ruminer
-Accepter de perdre
-Ne faites pas une montagne de vos collines
3 Lâchez prise
-Apprenez à déléguer
-Aménagez-vous des temps de pause dans votre emploi du temps
-Prévoyez des moments de relaxation, de détente
4 Faites de l’exercice physique
-Apprenez à marcher et à ne plus dépendre de votre voiture
-Pratiquez un sport qui vous convient, deux fois par semaine
5 Soignez votre alimentation
-Préférez les sucres lents le soir qui favorisent le sommeil aux repas trop légers ou trop copieux
-Évitez les excitants le soir (alcool, tabac…)
-Augmentez votre apport en vitamine C en consommant des fruits et des légumes